Alors que vient d’être votée la loi sur le mariage pour tous, un livre de Claude Lévi-Strauss “Nous sommes tous des cannibales” (Seuil) propose un recueil de 16 essais jamais parus en France. L’occasion de réviser notre définition de la paternité et de la maternité.
Parmi les différents thèmes consacrés à la société contemporaine et publiés entre 1989 et 2000 par le journal Italien Repubblica, le père du structuralisme aborde celui de la parenté en ayant recours a des exemples pris dans d’autres cultures. Ainsi, parmi les peuples du Nil de l’Afrique et du Nigéria, si une femme est stérile, elle est considérée socialement comme un homme. Donc elle peut épouser une autre femme et devenir “père” des enfants que sa moitié génère avec un autre homme.
Si chez nous le juge, le législateur, le moraliste et pour finir, l’homme de la rue, sont désorientés à l’idée d’une parenté virtuelle infinie, l’anthropologue ne l’est en rien. C’est même le seul, affirme Lévi-Strauss, à disposer des instruments pour comprendre vraiment quelque chose. Parce que les cultures étudiées par les ethnologues ont affronté à l’avance ces questions. Et même sans la fécondation assistée, elles ont toujours expérimenté autant de façons diverses d’être parents. Dans ce sens, les autres ont quelque chose à nous apprendre.
Les rôles sociaux sont en continuelles redéfinition et dépassent les simples liens du sang. L’auteur de Tristes Tropiques va même jusqu’à démentir par de nombreux exemples l’idée qu’il existe une forme de famille naturelle. L’adoption de la loi sur le mariage pour tous offre ainsi une nouvelle vision “laïque” élargie de la famille dans notre société, qui n’aurait pas déplu à l’auteur disparu en 2009.